mercredi 30 mars 2011
Lecture....
Ci-dessous, un extrait du dossier de presse du livre.....
Ce livre est très dense, je vais le relire, prendre des notes tant il est édifiant et passionnant....: il permet de comprendre une partie de l'histoire de notre système d'éducation actuel.
L’ÉCOLE ET SON DOUBLE
un ouvrage essentiel pour comprendre la crise que connaît l’enseignement en France Dans cet ouvrage est posée une question simple mais essentielle pour toutes les sociétés démocratiques et libérales. Pourquoi le processus de démocratisation des systèmes éducatifs occidentaux a-t-il justifié un recours de plus en plus important à la pensée pédagogique dite moderne et un discrédit progressif de l’enseignement des disciplines, de leurs méthodes et de leurs contenus ? Cette question apparaît d’autant plus déterminante que les transformations pédagogiques n’ont pas été portées par des débats d’idées. Elles n’ont pas eu, en réalité, pour vocation d’apporter des solutions aux difficultés du moment, en vertu d’inspirations diverses. L’auteur montre que ces transformations ont suivi une voie définie en profondeur. Ceux qui orientent l’école dans cette voie entretiennent, par leur culture en sciences humaines, des représentations de l’homme et de son développement héritées du XIXe siècle et fondées sur des bases fragiles ou fausses. Les directions prises servent ainsi, dans leur ensemble, une idée philosophique de l’homme et de la société qui dépasse les clivages politiques et remonte aux premiers développements des sciences de l’homme. En montrant comment la démocratisation des systèmes éducatifs en Occident a suscité un appel d’idées pédagogiques opposées aux besoins fondamentaux de l’enseignement, Nathalie Bulle met au jour une série stupéfiante de croyances fausses qui se sont constituées autour de l’école, de ses enseignements et ses méthodes, de ses succès comme de ses échecs. Il n’y avait pas autant de retards scolaires qu’on le prétendait lorsqu’on a réformé l’enseignement du français dans le primaire dans les années 70 et révisé l’orientation pédagogique du collège ; les effets de la réforme des mathématiques modernes n’ont pas été ce qu’on en a dit et ne justifiaient pas la
contre-réforme menée ultérieurement ; les transformations pédagogiques profondes de la fin des années 80 ont altéré la réussite des élèves, diminué leur intérêt pour les lettres et les sciences, et accentué l’inégalité des chances. Des analyses statistiques révèlent les différences en termes d’efficacité entre les méthodes pédagogiques, notamment envers les élèves issus des milieux les plus défavorisés. Des études historiques conduisent à renverser les liens établis entre autoritarisme politique et méthodes fondées sur la transmission des savoirs d’une part, entre démocratie et méthodes modernes, centrées sur l’élève, d’autre part, etc.
Cet ouvrage est sans précédent du point de vue des sources aussi bien théoriques qu’empiriques auxquelles il puise. Son intérêt est central à l’heure où des réformes sont en voie d’être élaborées pour le collège et le lycée. L’école et son double offre au lecteur des clés de compréhension de la crise que connaît l’enseignement et développe les principes susceptibles d’en changer le devenir.
ENTRETIEN AVEC NATHALIE BULLE
Nathalie Bulle est chercheure au CNRS au Groupe d’Étude des Méthodes de l’Analyse Sociologique (GEMAS) et habilitée à diriger des recherches. Elle s’intéresse tout particulièrement aux évolutions des systèmes éducatifs et de la pensée pédagogique en Occident.
Elle a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur ces thèmes : La rationalité des décisions scolaires. Analyse comparée de l’évolution des systèmes d’enseignement secondaire français et américain au cours du XXe siècle (PUF 1999), Sociologie et éducation (PUF 2000, trad. Sociology and Education. Issues in Sociology of Education, Peter Lang 2008), École et société (dir. Avec Raymond Boudon et Mohamed Cherkaoui, PUF 2001), L’école et son double. Essai sur l’évolution pédagogique en France (Hermann,
2009). – htttp://www.nathalie-bulle.com
Comment votre ouvrage, L’école et son double, s’inscrit-il dans vos travaux de recherche ?
Cet ouvrage constitue à la fois un aboutissement et une synthèse de mes recherches sur les transformations de l’école. Je l’ai conçu pour qu’il offre à son lecteur des clefs pour la compréhension des débats actuels et récurrents à ce sujet. Il est pratiquement impossible d’en saisir les enjeux si l’on n’a pas une idée claire des représentations implicite de l’homme et du développement humain qui les animent. Le livre présente aussi des résultats empiriques qui conduisent à réviser nombre de croyances fausses. J’ai voulu que mes recherches dans ce domaine offrent des bases objectives à partir desquelles les évolutions de l’école puissent être pensées. Sur ces questions, je dois avouer que j’ai beaucoup enrichi ma réflexion lors d’un séjour d’un
an aux États-Unis en 1996-97, à Chicago, où j’ai étudié les transformations du système éducatif américain. J’ai été alors frappée par les analogies qu’il était possible d’établir entre les évolutions pédagogiques des deux systèmes, à 50 ans d’intervalle. Le système d’enseignement secondaire américain s’est, en effet, massifié et transformé dans la première moitié du XXe siècle. Ce sont en grande part les lois sur l’obligation scolaire qui expliquent la précocité de l’évolution de l’école aux États-Unis.
L’analogie la plus importante qu’il est possible d’établir entre les évolutions pédagogiques américaine et française concerne la guerre menée contre l’enseignement des disciplines et, corrélativement, le changement d’interprétation des missions de l’école. Ces changements sont marqués par le passage du sort de l’école des mains des élites académiques à celles des professionnels de l’éducation. Les analyses des intellectuels américains, témoins de ces transformations, ainsi que celles de nombreux historiens de l’éducation américains sont particulièrement intéressantes car elles bénéficient d’un recul que l’actualité des réformes en France rend difficile. Or, l’histoire de l’enseignement secondaire américain au cours du XXe siècle est, à certains égards, celle d’un massacre pédagogique.